Teoula, voyage en famille autour de l'Atlantique

Traversée Canaries – Sénégal

14/11/2008 19:54

Nous sommes prêts à partir ce matin. Il me reste à régler deux, trois petites choses et à passer à la douane récupérer notre formulaire de sortie des Canaries. France passe chez le boulanger prendre du pain frais pour les prochains jours.

 

Hier soir, en discutant avec Didier qui s’occupe de la base de location de voiliers ECC sur Tenerife, j’ai trouvé des traces d’eau douce – de l’eau de pluie - sous les protections de haubans. Rien de grave, mais cela m’a trotté dans la tête cette nuit. Du coup, j’ai décidé de monter dans le mat pour un petit contrôle rapide avant nos 6 jours de navigation, histoire de comprendre comment cette eau de pluie s’est infiltrée.

 

France me monte dans le mat en « winchant » avec ses petits bras musclés. En montant, je repère un trou dans le protection de hauban que je rebouche. Je continue mon inspection, notamment toutes les petites vis ou manilles qui ont la fâcheuse tendance à se dévisser. Heureusement sur les bons conseils de Jean-Pierre avec qui j’ai préparé le bateau, j’avais bloqué toutes les manilles dès les premières navigations…toutes sauf …. !!!M…e !!....celle là, que j’ai sous les yeux, totalement dévissée, toute tordue et qui tient encore simplement grâce à la tension de la drisse…Eh oui,  le solent – la voile d’avant – ne tient plus que par un fil. J’ai de la chance de m’en apercevoir à temps !!!! Sans ce contrôle de dernière minute, notre solent serait descendu tout seul, surement en pleine nuit, dans un coup de vent tant qu’à faire…

 

Je démonte et redescend. Nous devons absolument réparer avant de partir.

Je file avec notre copain Zsolt chez le shipchandler le plus proche, achète une manille, remonte dans le mât, et installe la pièce…impeccable…comme neuf !!! Et je n’oublie pas de bien fixer la manille avant de redescendre…c’est fait…elle ne bougera plus…

Ouf, une bonne leçon, heureusement sans frais.

 

Il est 13 heures, et nous sommes enfin prêts à partir. Les équipages de TAZ et MITI sont au complet pour nous dire au revoir accompagnés par la trompette de Zsolt (j’ai cru reconnaître La Charge des Walkiries !!!). Nous devrions les retrouver au Cap-Vert. Les enfants sont tristes de quitter leurs amis. Nous aussi. C’est vrai qu’ils formaient une belle bande tous ensemble avec Manon, Amaury, Bastien, Morgan et Capucine…. à courir sur les pontons, faire des chasses au trésor, jouer sur un bateau ou sur un autre.

 

Nous voilà maintenant partis pour notre plus longue traversée. 890 milles, soit 6 jours et 6 nuits, en longeant le sud du Maroc et la Mauritanie jusqu’à Dakar, au Sénégal.

La météo se présente bien (15/20 nœuds de travers, tournant vent arrière), la houle bien régulière devient plus désordonnée et plus remuante pour l’équipage. Résultat : de belles moyennes les deux premiers jours (7 Nds de moyenne), mais un équipage qui tourne au ralenti, avec seulement Jeanne et moi-même insensibles à la houle, tandis que France, Juliette et Colin somnolent pour en calmer les effets. Les repas sont réduits à leur plus simple expression. Même le très attendu café-gourmand es-Juliette est supprimé.

 

Le troisième jour, nous nous approchons de la Mauritanie, et des effluves de terre et de sable titillent nos narines, le ciel est entièrement dégagé. La houle se calme, le vent nous pousse toujours aussi facilement, les sourires reviennent. Nous dégusterons même notre café gourmand après le repas.

 

Nos cafés gourmands, mis en place par Juliette, sont en passe de devenir une institution sur le bateau. Chaque jour, un café gourmand différent nous est proposé, suivant l’inspiration de Juliette. Il y a toujours une base –une bonne base - de chocolat, et nous devons deviner les autres ingrédients. Jeanne et Colin ont toujours des petits sucres pour faire un « canard ». C’est un vrai plaisir de partager ce moment tous ensemble.

 

Le quatrième jour, le vent tombe à 10 nœuds, notre vitesse aussi. Heureusement la température prend l’autre direction et monte franchement à 28°et alors que nous mettons à fond « Staying Alive » et « I will survive », histoire de nous mettre en jambe pour le CNED,

Une bande de joyeux dauphins-acrobates rejoignent le bateau, c’est fantastique et nous sommes tous au comble de l’excitation à les regarder jouer autour du bateau ou avec les étraves. Les enfants se précipitent sur le trampoline et regardent le spectacle. Nos amis sont très en forme !!! Surfs de vagues, sauts et figures libres. Nous aurons même droit à un saut périlleux arrière. Est-ce la musique que nous avions mise qui les a inspirés ?

 

Coté pêche….nous sommes bredouilles. Nous avons pourtant deux lignes qui trainent derrière le bateau, avec des appâts différents. Même les oiseaux les survolent en rigolant !!!

Pourtant, il parait que ces eaux sont parmi les plus poissonneuses de la planète. Ce sera sûrement pour demain !!!

 

Nous préparons le bateau pour le Sénégal. Les filets à fruits sont installés. Les moustiquaires sont en préparation. Les enfants aussi se préparent à notre prochaine destination. Ils sont curieux de savoir à quoi ressemble le Sénégal et les Sénégalais. Ils lisent leurs encyclopédies et nous questionnent.

 

Les nuits se suivent, et nous trouvons notre chemin parmi tous les cargos qui longent les côtes africaines. Ils sont vraiment très nombreux…et aussi étrange que cela puisse paraitre, ils sortent surtout le soir !!!! Heureusement, avec notre radar et notre système de visualisation AIS nous les voyons venir de loin, mais finalement rien ne vaut une bonne veille visuelle !!! Au passage, nous regardons sur l’AIS leur nom et leur destination : nous voyons ainsi défiler tous les ports du monde : Rotterdam, Dunkerque, Palmas, Bonny, Chiogga, Abidjan, Lagos…

 

Depuis deux nuits, le ciel est sans nuages, et nous naviguons sous les étoiles. C’est vraiment très beau. La voie lactée est superbe. De temps en temps, nous avons même droit à une étoile filante.

 

Le cinquième jour, le soleil est toujours au beau fixe, avec 28°, et un vent idéal pour Teoula (10/15 Nœuds, travers). Après calcul, nous pensons arriver à Dakar en fin de soirée. Nous mettons le gennaker (grande voile d’avant) et nous accélérons nettement, avec en plus un petit courant de fond qui nous pousse vers Dakar. Nous devrions être arrivés vers 1h00 du matin. Après une bonne partie de la journée à ce rythme, le vent retombe, et nous ralentissons, voyant s’évanouir nos espoirs de dormir cette nuit au mouillage.

 

Changement de tactique. Nous réduisons la voilure afin de passer tranquillement notre dernière nuit en mer et d’arriver au petit jour à Dakar. Nous n’avons pas envie de nous retrouver au milieu des pirogues parties pêcher de bon matin sans y voir clair. Les cargos sont facilement visibles la nuit tandis que les pêcheurs en pirogues…beaucoup moins…

 

Nous sentons la terre de plus en plus proche. Les enfants voient un petit oiseau arriver et se poser sur le bateau. Il s’agit en fait d’un énorme cricket….Bienvenue en Afrique. Ici la nature prend d’autres dimensions. D’autres insectes suivent rapidement : papillons, libellules. Juliette -qui adore les insectes volants- me presse de terminer les moustiquaires pour les chambres et pour le carré. S’en suit une discussion avec les enfants sur les moustiques, et sur le palu…Qui n’a pas pris sa Malarone ???

 

Côté pêche, nous avons progressé, avec un poisson volant et un petit calamar qui ont atterri sur le bateau cette nuit…pêcheurs malgré nous, nous ne sommes plus bredouilles…heureusement, car coté pêche à la traîne…c’est encore chou blanc…J’ai pourtant potassé le beau bouquin sur la pêche que nous avons à bord. J’ai du louper quelque chose. Il faudra que j’en parle avec d’autres équipages à Dakar.

Photos : Traversée Canaries – Sénégal

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