Toujours plus loin, Toubacouta

Depuis ce matin, le bateau glisse doucement au milieu d’une végétation luxuriante et sous une volière naturelle. Autour de nous plongent, caquettent et planent  pélicans, aigrettes, aigles pêcheurs, calaos ….. Le spectacle est passionnant et nous n’en perdons pas une miette … Ca plane pour moi …. Moment de plénitude brusquement interrompu par un juron de Frank : « M….. ça remonte de plus en plus ! », je fonce à l’avant pour essayer de distinguer le banc de sable, mais j’ai le soleil dans les yeux et il m’est impossible de deviner quoi que ce soit …. Trop tard, nous avons touché !! Bon, voyons, nous sommes à marée basse, il suffira d’attendre la marée haute dans quelques heures … Mais Frank tente quand même la manœuvre de la dernière chance : une marche arrière à fond, cela remue en-dessous et au-dessus aussi au vu de la quantité de limon qui remonte à la surface … Ouf, nous nous en sommes sortis mais que cela nous serve de leçon, nous allons maintenant progresser à vue avec Juliette aux aguets à babord et moi à tribord (il faut dire que nous sommes à marée basse et que la profondeur peut être inférieure à un mètre, alors que notre tirant d’eau est de 80 cm …) . Nouvelle frayeur sur le Bandiala, un des bras du Saloum que nous empruntons pour arriver à Toubacouta. Le village est tout proche, nous voyons apparaître les volutes d’un feu de bois mais n’arrivons pas à trouver l’entrée du Bandiala, par l’intérieur du virage, impossible, un banc de sable affleure maintenant en surface, au centre, le banc de sable est un peu plus bas mais encore trop haut pour nous…, à l’extérieur, impossible car nous voyons d’ici des racines de palétuvier, alors, comment faire ?? En parcourant à nouveau l’entrée, nous finissons par apercevoir un petit passage, juste assez large pour le cata et nous y engouffrons, ouf, cela passe !! Frank en profite pour mettre des waypoints pour donner les infos aux éventuels batocopains suivants.

Quelle magnifique arrivée : quelques toits de chaume façon village de Schtroumphs émergent des palmiers-datiers, bougainvillées et bambous, tout est très vert et cela sent bon le feu de bois. Nous mouillons dans une tranquille petite anse et partons à la découverte du Keur Saloum : très bel hôtel possédant un vaste jardin et une superbe terrasse en surplomb permettant d’observer les couchers de soleil et les oiseaux sur en dégustant un jus de bissap (boisson nationale faite à partir des fleurs d’hibiscus). Nous nous y arrêtons car nous savons qu’ils organisent de très intéressants circuits ornithologiques. Rendez-vous est donc pris pour le surlendemain avec notre guide : Djembo, un look à la « crocodile dundee » revisité par un sénégalais !

Quatre heures du matin : dur dur le réveil … mais ce sera le prix à payer si nous souhaitons voir des centaines d’oiseaux venir se désaltérer autour d’un point d’eau. Nous arriverons dans la forêt de Patako vers six heures du matin et nous mettons en embuscade en lisière d’une vaste clairière abritant un joli point d’eau. Au-dessus de nous, le ciel vire peu à peu au mauve, puis au rose… ce sera à ce moment précis que des centaines d’oiseaux arriveront du sud : c’est du grand spectacle : des nuages d’aigrettes ouvriront le ballet suivies par les longs vols planant des pélicans et des hérons, les lignes bleues et pourpres des merles métalliques ou les reflets bleus et mauves du rollier d’Abyssinie et enfin, en grand final, l’aigle bateleur scrutant l’horizon à la recherche de sa proie.

Nous en avons plein les yeux….

Nous continuons notre circuit et nous enfonçons un peu plus dans la forêt jusqu’à un petit village de schtroumphs enfoui sous les immenses branches touffues d’un manguier géant. Des dizaines d’enfants poursuivent le 4X4 : « Toubabs, toubabs !! ». Nous nous arrêtons et des petites mains nous touchent, frôlent, prennent la main, nous sommes cernés et dévisagés par de grands yeux curieux …. Sauf une petite fille d’à peu près 2 ans qui hurle en nous voyant et s’enfuie aussi vite que ses petites jambes lui permettent (nous devons être ses premiers toubabs et elle doit nous croire très malades pour être blanc comme ça !!). Juliette se poste en haut de quelques marches et la distribution de bonbons commence, chacun se met bien en rang, les petits devant, les plus grands derrière. Ils sont tous très sage et gardent bien précieusement leur bonbon dans la main. Nous discutons des âges de nos enfants et trouvons un binôme pour chacun d’entre eux : Juliette fait trois têtes de plus que sa jumelle à tresses …

Mais, Djembo nous presse : nous avons encore à suivre les traces de phacochères pour essayer de les débusquer dans leur terrier. Nous voici donc marchant en file indienne derrière Djembo qui coupe les hautes herbes d’un geste vif , il nous fait signe de nous taire et s’arrête devant un gros trou dégageant une forte odeur …. Pousse un drôle de cri … Mais, personne …ils ont dû partir chez Carrefour faire leur plein du samedi …

Aujourd’hui : 24 Novembre est un grand jour ! Je souffle une bougie de plus ! Et cela s’affaire dans la cuisine pendant que je suis reléguée à l’extérieur. Cela sent bon le chocolat…. Vraiment très très bon lorsque je vois tous les emballages de chocolat qui partent à la poubelle… et pour cause, je vais souffler mes bougies …. Sur du pain ! pour ne pas abîmer cette merveilleuse marquise au chocolat sur une pâte sablée succulente faite par Juliette : un régal ! C’est un anniversaire très particulier et je ne suis pas près de l’oublier.