St Martin, dernier arrêt avant le grand saut

Pays du duty-free tax, base de départ pour le transat et lieu retrouvailles de tous les batocopains avant le grand départ. Ici, notre quotidien sera chasse à l’équipier, préparation du bateau, bouclage du CNED, dernières baignades dans les eaux des caraïbes, mise à jour du site, derniers mails et coups de fil avant le grand saut…un programme dense mais varié.

Nous arrivons à St Martin par Oyster Pond, premier mouillage sur la cote Est. Pour rentrer dans Oyster Pond, il faut longer une série de bouées de très près, car l’étroit chenal est bordé de part et d’autre par deux récifs de corail. Mais avec ces bouées, de jour et avec un petite houle, pas de problème pour Teoula et son équipage aguerri !!! Nous embouquons la passe, puis l’entrée de la petite baie, entièrement occupée par le mouillage.
Ici, on choisit où l’on mouille. Coté de la marina, c’est la France, coté mouillage, c’est la Hollande. Et oui, St martin est une île coupée en deux, avec une moitié Française et une moitié Hollandaise. Au quotidien, on passe allègrement d’un côté à l’autre, sans s’en apercevoir.
Nous mouillerons donc coté Hollandais, et irons déjeuner coté Français…en clandestins, sans avoir fait notre entrée à St Martin. Difficile de résister à une bonne table si proche de Teoula. Il y a même une piscine…Nous y passerons une partie de l’après-midi, à plonger et replonger avec délice dans l’eau douce.
En fin d’après-midi, nous avons un rendez-vous avec un « possible » équipier, mais nous ne ferons finalement pas affaire.

Le lendemain, nous quittons Oyster Pond et faisons le tour de l’île pour arriver dans la baie de Marigot.
Aujourd’hui, séance d’entraînement à la manœuvre d’homme à la mer pour l’équipage de Teoula. Un rapide briefing à tous, les rôles sont répartis : Jeanne à l’observation, France à la barre, Juliette à la gaffe pour récupérer notre homme. Notre homme sera, pour l’occasion, un pare battage.
Nous sommes sous voiles, et hop, je pousse notre homme pare battage qui tombe à la mer…et c’est parti. Jeanne suit notre homme parfaitement, sans le quitter des yeux une seconde, France rentre les voiles, démarre les moteurs et commence sa boucle en forme de « 8 » pour retomber sur notre homme.  Juliette, gaffe à la main, se prépare à le récupérer. Pour ma part, je ne fais rien…puisque je suis censé être tombé dans l’eau…La manœuvre commence bien, le « 8 » est formé, Jeanne indique à France où est notre homme, mais le premier passage est trop loin du pare battage, le second aussi. La tension monte, le ton aussi…On arrête là. On passe récupérer notre homme gentiment. Ca y est, il est à bord.
Conclusion : Pas facile de se rapprocher de notre homme qui dérive, pas facile de le remonter à bord perché sur nos flotteurs….Il faudra reprendre l’entraînement un autre jour.

Nous reprenons notre route, et en passant devant l’anse de Grande Case, nous croyons apercevoir Maranatha. Nous nous détournons. Ce sont eux. Nous faisons un petit brin de causette et convenons de nous retrouver dans quelques jours à Marigot.

En arrivant, nous sommes accueillis par Jean-Louis et Chantal d’Essentiel, un autre Outremer 45. Ils nous mettent vite au parfum, car ici, il y a une arnaque. Ils nous indiquent comment faire notre entrée à St Martin, en toute légalité, mais sans payer le prix fort, et nous préviennent que le port de Marigot essayera de nous faire payer le mouillage, à l’intox !!! La voile est encore un lieu d’entraide !!! Nous les invitons à bord et faisons plus ample connaissance. Ils ont navigué pendant les 10 dernières années et s’apprêtent à rentrer en France. Certaines de leurs questions nous montrent qu’ils ont  voyagé pendant longtemps!!!

Mais St Martin, c’est aussi pour nous une halte nécessaire pour rattraper le CNED. Nous ne pourrons malheureusement pas retrouver nos amis de Malikakalou aux BVIs, à cause de ce foutu CNED. L’avant dernière séquence n’est pas encore terminée mais nous devons nous dépêcher de la terminer et de l’envoyer de St Martin, où la poste française « devrait » nous permettre de rattraper le retard pris.

Pour le moment, nous retrouvons nos amis de Gregal, Tom et Aude, avec qui nous avions réveillonné à la Barbade. Reynald et Virgine d’OffCourse, ne sont  pas loin et doivent arriver d’ici quelques jours.

En attendant, nous partons découvrir le coté Hollandais de St Martin, avec ses magasins tax-free. Nous achetons à Juliette son cadeau de Noël, je me rachète des jumelles et France s’achète une carte pour vous faire de belles photos panoramiques. Le coté Hollandais est nettement plus animé que le coté Français. C’est aussi de ce coté que les paquebots débarquent leurs touristes avides de courses « hors taxes ». Les rues de Philipsburg sont ainsi envahies de magasins de luxe, d’électronique, de vêtements de marque, de bijouteries…Après avoir assouvis nos pulsions de consommateurs, nous nous replions dans un des nombreux restaurants qui bordent la plage. Nous déjeunerons d’un très bon repas, perchés sur nos tabourets, face à la mer.

De retour coté Français, nous marchons dans les rues de Marigot. L’ambiance qui se dégage de ce coté de St Martin est particulière. Tout le monde parle anglais, français ou créole, les prix sont affichés en € ou en $, et ici 1$ = 1€…Difficile de s’y retrouver au début !!! Par contre, nous retrouvons des banques comme en France, la Gendarmerie, et…. La Poste….comme chez nous, mais en 4 fois plus lent. Nous ferons une heure de queue à chaque fois pour poster nos malheureuses enveloppes du CNED…

Au mouillage, l’ambiance est particulière, faite de blagues, de bonnes rigolades, d’apéritifs et de moments d’anxiété. Chacun cherche ou attend un équipier venu de France. La traversée va-t-elle bien se passer ? La houle et le vent seront-ils cléments ? De nos jours, les prévisions permettent d’assurer le temps sur 3/4 jours, ensuite c’est…disons…plus flou. Advienne que pourra !!!

Transat Retour : Kesako ?

Pour les non marins, je vais tenter de vous expliquer en quoi consiste la transat retour :

Il s’agit de relier St Martin aux Acores, soit 2200 miles (4100 kms pour les terriens)  en ligne droite. Le problème, c’est que la ligne droite n’est pas praticable, sauf à faire 10 jours de moteur !!! Beurk !!! Eh oui, au milieu de l’atlantique, il y a la fameuse mer des sargasses, une zone sans vent, ni vagues, pleine d’algues qui flottent à la surface (les sargasses). Il paraît même que les anguilles viennent pondre dans cet endroit…Pétole assurée !!! Le cauchemar du voileux !!!

La route praticable pour les voiliers nécessite donc de contourner cette zone de pétole, en montant vers le nord, puis ensuite de tourner à droite vers les Açores. Et oui, car il y a un autre piège…Au nord, les dépressions (vent fort, grosses vagues) déboulent sans crier gare.

Cette route est donc plus longue, soit 2400 miles au total (4400 kms), et prend entre 16 et 20 jours suivant les bateaux et les conditions rencontrées.

Donc, une fois après avoir tourné à droite, quelque part dans l’océan, à 200/300 miles au sud des Bermudes, il faut naviguer entre la pétole au sud et les dépressions au nord. En résumé, une fois en direction des Açores, on pique au nord pour avoir plus de vent et accélérer ou on tire vers le sud pour être plus tranquille.

Ca c’est la théorie. En pratique, on voit sur place et on se démerde, en essayant de garder un vent et une houle portant le plus longtemps possible, en évitant les coups de chien, les grosses houles dans le nez pour que l’équipage ne soit pas trop balloté, et les zones de calmes plats qui mettent  le moteur et les nerfs de l’équipage à rude épreuve…

Voilà pour les explications, maintenant, Y’a plus qu’à !!!