San Miguel, la grande

Après Flores, Faial et Pico, nous continuons notre exploration des Açores, en poussant toujours plus à l’est, nous rapprochant ainsi tout doucement du détroit de Gibraltar et de Ceuta, notre prochaine destination.

San Miguel, autres dires des Açoriens, est la plus intéressante et la plus active des îles. C’est donc avec prudence que nous abordons cette île, l’activité de cette grande île et de la capitale des Açores ne nous attirant guère de prime abord.

Après un accueil chaleureux, mais bien long (plus de deux heures pour faire les douanes et devenir client de la marina…un record, seulement dépassé par le Sénégal), nous sommes autorisés à pénétrer dans la luxueuse et spacieuse marina de Ponta Delgada. Nous nous amarrons à notre premier catway depuis le Cap Vert. Nous sommes un peu perdus dans cette énorme marina, mais nous prenons rapidement nos marques, aidés par des douches et des sanitaires spacieux et luxueux…des suites privatives (WC, salle de bains et douches) aux surfaces dignes d’hôtels quatre étoiles. Les terriens ne comprendront peut-être pas cet intérêt subit pour les sanitaires, mais pour nous, marins, l’eau douce et les douches sont toujours en quantité limitée. L’arrivée dans un port est donc souvent synonyme d’une grande douche avec eau chaude à volonté pour tout le monde !!!

Après une longue ballade dans les rues de la vieille ville, nous commençons à apprécier Ponta Delgada qui, en se développant, a su garder ses vieux quartiers et ses petites rues pavées de noir et de blanc.

Le premier soir, nous accueillons Roland, frère de Miguel et membre des Genesis le temps de la traversée, et qui doit maintenant rentrer chez lui. Il a profité de cette dernière journée pour explorer l’île avec une équipe d’ornithologues, à la recherche de plusieurs espèces endémiques des Açores : le bouvreuil des Açores, la sterne de Dougall, la chauve souris des Açores. Grâce à sa passion, Roland nous fera découvrir ces animaux uniques lors de nos promenades.

Nous avons aussi la surprise d’assister à un concert de Roger Hogson, le chanteur de Supertramp, donné sur le port. Nous sommes aux premières loges, et replongeons dans les années 80 le temps d’une soirée.

De jour en jour, San Miguel se révèle à nous dans sa diversité. La vieille ville de Ponta Delagada nous dévoile ses petits commerces, ses restaurants, ses petites ruelles, et ses jardins. Nous visitons deux beaux jardins : le jardin botanique Antonio Borges et le jardin de José do Canto. Tous deux nous permettent de découvrir des espèces d’arbres et de plantes du monde entier, qui bénéficie ici d’un climat doux et humide. Les espèces tropicales côtoient les espèces des pays tempérés créant des ensembles étonnants. Le jardin de José do Canto, créé an 1840, abrite plus de 3000 variétés de plantes. Dommage qu’il ne soit pas bien entretenu !!!

Le lendemain, nous visitons la cote sud, avec le charmant village de Caloura, sa petite piscine d’eau de mer, son mini port de pêche et ses splendides résidences aux architectures ultramodernes. Cette cohabitation entre tradition et modernité est très bien pensée, et l’architecture moderne de ces villas se marie parfaitement avec l’architecture traditionnelle des petites maisons de pêcheurs ou du couvent niché dans le village.

Plus loin, nous faisons escale dans la petite ville tranquille de Vila Franca do Campo avant de repartir vers le lac de Furnas et ses geysers naturels. La route est encore une fois superbe, bordée d’hortensias en fleurs, et de pâturages vert tendre. Nous arrivons ensuite sur les bords du lac de Furnas et nous sommes immédiatement projetés en Irlande ou en Ecosse, avec tous ces arbres au feuillage vert tendre se reflétant dans l’eau du lac. Pas une ride sur le lac…la tranquillité à l’état pur.
Au bout du lac, des eaux bouillantes sortent de terre, formant de gros geysers d’eau bouillante. C’est l’occasion d’une leçon de sciences et vie de la terre, grandeure nature. Nous ferons aussi un peu de chimie pour comprendre pourquoi « ça pue l’œuf pourri !!! », et pourquoi la terre est jaunie par le soufre…C’est toujours un plaisir de transmettre nos connaissances à nos enfants de cette façon, sur un lieu ou devant un phénomène particulier.

Nous descendons ensuite vers la ville de Furnas qui abrite le superbe jardin de Terra Nostra. Créé en 1780, et agrandit plusieurs fois, ce jardin abrit aujourd’hui plus de 5000 arbres et plantes sur ses douze hectares, et fait partie des 1000 plus beaux jardins du monde. De belles allées, des cascades, des perspectives travaillées, des jardins thématiques (jardin des camélias, jardin des cactus, jardin des plantes endémiques des Açores) nous enchanterons pendant deux bonnes heures. Nous terminerons par un bain délicieux dans la piscine d’eau chaude et sulfureuse qui sort des flancs de la montagne. L’eau est si trouble que les enfants s’y reprendront à plusieurs fois avant d’entrer dans l’eau, mais quel régal !!!

Nous continuons notre journée en découvrant les plantations de thé de Gorreana, au nord de l’île. C’est le seul endroit en Europe où le thé est cultivé… Surprenantes Açores…

Nous terminons notre journée par Ribeira Grande, où un festival de la gastronomie et de l’artisanat nous tend ses tables…Nous gouterons du boudin à l’ananas (un délice), des saucisses, des pommes de terres au piment, des coquillages sans goût (qui ressemblent fort à des chapeaux chinois), du poulet grillé, et deux cervoises frappées…Nous aimons les ambiances festives et familiales des kermesses aux Açores. Les gens sont toujours aussi gentils, la cuisine toujours aussi savoureuse (et collante…), et dans ces moments, nous touchons du doigt le rythme tranquille de la vie des Açoriens.

Le lendemain, nous partons en équipage avec les Genesis, découvrir la partie ouest de l’île, direction le grand cirque volcanique de Sete Cidades, et ses deux lacs aux couleurs bleues et vertes. En route, nous retrouvons Jim, Jo et leurs enfants de Starblazer qui nous avions rencontrés plusieurs fois aux Antilles. Ils se joignent à nous pour faire une superbe ballade sur la crête du volcan. Pendant deux bonnes heures, nous marchons avec l’atlantique et sa palette de bleus à notre gauche et le volcan et sa palette de verts à notre droite. Nous profitons de vues plus belles les unes que les autres pendant deux heures, sous un beau soleil. Un bon moment de discussions pour les adultes et de jeux pour les neuf enfants des trois bateaux.

Le soir, nous fêtons – dignement - l’anniversaire d’Isabelle de Genesis dans un restaurant de poissons…sans poissons, ou presque. De commande en commande, les poissons disparaissent d’une carte pourtant très fournie au départ…finalement, ce sera « filets de poissons » pour tout le monde. Quel poisson ?... Le serveur se confond encore une fois en excuses, mais la réponse n’est pas très claire… Heureusement, nous terminons par un grand gâteau d’anniversaire au chocolat. Tout le monde sera content, de cette belle journée, se terminant de si belle manière. Bon Anniversaire Isabelle !!!! Mais au fait, quel âge-a-t-elle ? Quelle question…Mufle, va…

Le temps passe, et nous attendons toujours des conditions météo favorables pour notre dernière « grande » traversée de 6 jours jusqu’à Ceuta, enclave espagnole sur la côte Marocaine, en face de Gibraltar. Cette année, la météo est bien étonnante…L’anticyclone des Açores qui amène du beau temps et de faibles vents n’est pas aux Açores, et nous regardons passer les dépressions, qui arrivent par le Sud Ouest, au rythme d’une dépression tous les quatre jours…Rien à voir avec le temps habituel…mais il parait que c’est normal…ce serait une année « El Nino »…dixit Radio Ponton.