San Antao, l'île verte

De Mindelo, nous sommes partis en Ferry, direction San Antao, l’île située juste en face, à une heure de bateau, sœur jumelle de San Vincente, aussi verte et humide que San Vicente est noire et aride.

A l’arrivée du Ferry, à Porto Novo, c’est la foire d’empoigne. Tous les taxis de l’île sont présents et cherchent leurs clients en jouant des coudes.  Nous sommes une cible très intéressante : cinq clients d’un coup !!! Nous trouvons donc rapidement notre « collectivo » pour traverser l’île jusqu’à Ponta do Sol.

Ponta do Sol se trouve de l’autre coté de l’île, et pour y parvenir nous devons prendre une route qui monte jusqu’au sommet de la montagne pour redescendre de l’autre coté. Tous nos prédécesseurs nous ont décrits une route magnifique qui serpente dans la montagne. Nous nous installons donc aux fenêtres de notre « collectivo », bien décidés à profiter du spectacle.

Nous quittons la ville et nous nous engageons sur la seule route qui traverse l’île vers Ponta do Sol. C’est une petite route, faite de petits pavés de roche volcanique, comme nous en avions vus aux Canaries. Dès les premiers lacets, nous montons rapidement, au milieu de terres arides –c’est le coté désertique de l’île-. Notre chauffeur connait manifestement la route par cœur. Il enchaine les virages à toute vitesse, au son –assourdissant- des mégas woofers installés à l’arrière de sa camionnette. Colin et Jeanne, assis à l’arrière –c’est à dire sur les woofers- s’éclatent. Ils dansent sur la banquette arrière, rebondissant à chaque virage.

Nous continuons à monter. Les paysages et les vues jusqu’à l’océan sont superbes. Le bas coté lui par contre est de plus en plus raide…très raide…parfois, on le voit plus…enfin, si mais, deux cents mètres plus bas…de toutes les façons, le chauffeur à l’air sûr de lui, les autres passagers n’ont pas l’air de s’en faire…alors, ni pensons plus et essayons de profiter du spectacle.

En montant, une nouvelle végétation apparait, plus verte, avec des conifères,. Nous avons maintenant parfois l’impression d’être dans le Jura. Plus loin, des cultures en terrasse, nous rappellent Java ou l’Indonésie.

Le chauffeur conduit toujours aussi rapidement. Les ravins que nous longeons sont maintenant très impressionnants, proche des 500 mètres. La route est de plus en plus étroite, mais notre chauffeur ne ralentit pas pour autant. Il utilise son klaxon quand il ne voit plus rien…Puis, au loin, j’aperçois la route qui passe sur une crête, avec un ravin de chaque coté…gloups…j’ai tout à coup l’impression que nous sommes à Disneyland, dans l’attraction « le train de la mine » pour ceux qui connaissent….les wagons sont plus petits, ça monte et ça descend à toute vitesse…ils ne manquent que les loopings !!!

Je vois la crête qui se rapproche…c’est bien notre route qui passe par là…un dernier virage, et hop, voici la crête…arrgh, nous il y en a trois qui s’enchainent…on sert les fesses, on regarde devant…et c’est parti…enfin, je dis c’est parti, mais rien ne s’est arrêté, surtout pas notre chauffeur qui rigole en voyant nos mines s’allonger dans le rétroviseur…j’ai même l’impression qu’il accélère, le c..

Heureusement, les paysages sont superbes…à couper le souffle, si ce n’est pas déjà fait…

Sur ce côté de la montagne, les paysages sont luxuriants, avec toutes les tonalités de vert, les cultures en terrasse sur la moindre parcelle cultivable accrochées à la montagne, et un système d’irrigation qui serpente le long de la montagne pour arroser toutes ces cultures.

Quel travaille de titan que de sculpter la montagne de cette façon. C’est réellement impressionnant, d’autant que la montagne est très escarpée.

Finalement, nous arrivons à Ponta do Sol, petit village de pêcheurs, au bout du monde. Notre petit hôtel est une charmante maison du village, peinte de toutes les couleurs.

Nous prenons un verre sur la terrasse, face à la mer, et discutons avec un guide sénégalais…du Sénégal, et de notre passage dans le Sine Saloum. C’est une discussion un peu décalée pour nous, mais le guide est très sympathique. Il travaille pour une agence de voyages allemande et attend un petit groupe de touristes.

Nous partons visiter Fontainhas un petit village aux environs, à une heure de marche de Ponta do Sol. Nous quittons Ponta do Sol par un chemin de terre qui rejoint une piste à flanc de montagne, surplombant la mer au dessus d’à pics vertigineux.

Après deux heures de marche nous arrivons à Fontainhas, minuscule villageaux maisons multicolores accrochées à la montagne, au fond d’un cirque ouvert sur la mer. L’endroit est étonnant, et nous avons du mal à comprendre pourquoi de village est installé dans un endroit aussi peu accueillant. Peut-être pour se cacher des envahisseurs, ou s’abriter des vents dominants…Notre question restera sans réponse. Après une courte visite, nous prenons le chemin en sens inverse et redescendons vers Ponta do Sol.

Le lendemain, nous partons pour Ribera de Paul. Nous envoyons nos bagages directement à destination, tandis que nous prenons un « aluger » (taxi local) pour remonter en haut du volcan.

Aujourd’hui, nous avons prévu de faire une grande et belle ballade. Nous partons du cratère de Cova à 1700 m d’altitude pour descendre par un chemin de montagne jusqu’à Ribera de Paul, au bord de la mer.

L’aluger nous monte de bon matin jusqu’au bord du cratère. Le chemin nous descend dans le cratère abritant aujourd’hui plusieurs fermes et de belles cultures. La terre très fertile est utilisée à son maximum et découpée en dizaines de parcelles de terre cultivable. L’air est pur, et des voix montent des champs jusqu’à nous. L’endroit respire la tranquillité et le calme. Nous restons à admirer le cratère et ses cultures un bon moment avant de descendre par le chemin qui doit nous mener jusqu’à la mer.

Nous nous engageons sur un petit chemin littéralement accroché à la falaise. Je me demande parfois comment il tient !!! 77 virages !!! A vous donner le tournis !!!

En descendant, nous traversons une couche de nuages. Nous marchons dans la brume pendant longtemps, nous évitant ainsi de voir de trop près l’à pic vertigineux auquel notre chemin est accroché.

Puis, le temps se dégage, et le paysage se révèle à nous. Nous croisons les premiers habitants qui travaillent dans les cultures en terrasses, de petites maisons sont plantées ça et là, les premiers champs de canne à sucre apparaissent.

Enfin, nous entrons dans le premier petit village, le village de Cha de Manuel dos Santos, où un Français, Sandro, produit et vend un grogue et un punch qui méritent le détour. Quelques verres plus tard, nous repartons avec un punch coco et une bouteille de vieux grogue en poche.

Nous avons encore de la route devant nous, une route tranquille qui descend la vallée jusqu’à la mer. Après un horrible marchandage aux snickers, les enfants choisissent les snickers et acceptent de descendre à pied jusqu’à la mer. La ballade est jolie, la route peu fréquentée. Malgré tout, la mer se fait attendre, et les enfants s’écrouleront à l’arrivée…Nous avons marché six heures, avec juste une petite pause pour déjeuner…

Une fois arrivés, nous découvrons notre hôtel. C’est un charmant ensemble de trois bungalows aux couleurs vives, tenu par un couple d’italiens. Inattendu dans cet endroit, et bienvenu après cette longue marche. Tout le monde se couchera rapidement après une douche et un repas léger.

Le lendemain, nous visitons tranquillement le petit village. En pique-niquant sur la petite place nous rencontrons nos amis Irlandais Frank et Jaimie avec qui nous avons fait connaissance au CVD au Sénégal. Ils sont partis d’Irlande, sacs au dos et voyagent au gré de leurs embarquements pour une année.

Puis, vers cinq heures, nous prenons notre « collectivo » pour Porto Novo, direction Mindelo.

Nous montons dans le « collectivo ». Puis notre chauffeur commence sa tournée commerciale. Il cherche le maximum de clients pour Porto Novo. Deux personnes, puis deux autres montent à bord. Au final, nous serons seize, entassés sur douze sièges !!! Une bonne affaire pour le chauffeur, une moins bonne pour les clients !!!

Et nous partons pour un tour de manège, à fond sur la route de montagne. Ce chauffeur là est encore plus excité que le premier !!! Il ne reste plus qu’à retenir son souffle jusqu’à l’arrivée.

Finalement nous arriverons sans encombre à Porto Novo pour prendre notre Ferry pour Mindelo.