L'île de Gorée

Ce fut notre première vision du continent africain lorsqu’au bout de 6 jours de navigation, elle nous apparut dans la brume matinale …. Des bougainvillées, des palmiers, de l’ocre, du carmin, du jaune, la fumée d’un feu de bois, … cela respirait la tranquillité …

Aussi, après quelques jours du régime intense de Dakar, nous aspirons à un peu de calme et de sérénité. Nous quittons donc notre mouillage de bon matin en emmenant avec nous l’équipage d’ »Intelria » : Jacques, Claudine et Maria : aquarelliste talentueuse et complice de Juliette pour des « après-midi croquis ». Après une courte traversée d’à peine une heure, nous mouillons face à la petite plage de Gorée où jouent tranquillement une bande d’enfants. Quelle quiétude, quel silence … le bruit des vagues, le brouhaha des voix … des ruelles pavées ou sableuses croulant sous les bougainvillées et les flamboyants et bordées de jolies maisons de style colonial aux toits de petits tuiles, des couleurs chaudes : ocre, jaune, brique … C’est un vrai bonheur et nous flânerons au gré de nos envies entre la plage, la place où s’entraîne très sérieusement l’équipe de foot locale, le Castel, et croiserons de jolies descendantes des signares (jolies métisses)… Nous y ferons la connaissance d’ËMË, sympathique artiste-touche-à-tout vivant dans une partie du Castel et exposant en pleine nature ses sculptures d’oiseaux en ferraille ou ses tableaux.

Cependant, la découverte de Gorée serait incomplète sans la visite de La Maison des Esclaves, vestige du tristement célèbre commerce triangulaire d’esclaves en route pour les Amériques au 18^ème et 19^ème siècle. La visite est très émouvante et passionnante pour tous. Nous découvrons avec horreur de minuscules cellules de trois mètres sur deux dans lesquelles s’entassaient quinze hommes enchaînés avec une minuscule meurtrière pour seule ouverture. Les cellules des enfants et des femmes étaient à peine plus grande. Il y avait également les « cellules d’engraissement » dans lesquelles étaient regroupés ceux qui n’avaient pas le poids requis, si l’esclave n’avait pas atteint le poids-talon au bout d’un mois, il passait par une petite porte donnant directement sur la mer … avec les immanquables requins qui l’y attendaient … il en allait de même pour ceux qui ne manquaient pas de déclarer des maladies dans cette promiscuité et humidité ambiante.

Les femmes avaient toutefois la possibilité de s’émanciper ... , mais vous imaginez bien que cette solution était loin d’être agréable …

Toujours est-il que ce commerce aurait concerné près de dix millions de noirs (sans compter le déficit des naissances entraîné par la traite) et entraîné la disparition d’ethnies complètes (notamment, ceux qui étaient considérés comme les plus résistants).

Les enfants, notamment Juliette dont l’esclavage est au programme d’Histoire de 5°, seront très intéressés par cette visite et très contents aussi que ce sinistre commerce ait pris fin…

18H00, le soleil ne va pas tarder à se coucher, il nous faut vite retourner dans notre mouillage du CDV si nous voulons éviter les deux épaves qui émergent encore des profondeurs….