Grenville, la ville oubliée

Ce matin, nous quittons Carriacou - dans les grenadines de Grenade - pour la grande île de Grenade. Nous laissons derrière nous Tyrell Bay, cette grande baie à l’ouest de Carriacou, pleine de bateaux de voyage et qui fut pour nous un mouillage tranquille que nous avons adoré. Nous y reviendrons sur le chemin du retour.

Pour le moment, nous filons au bon plein, vers le sud est, en négociant le courant traversier assez fort dans le chenal entre Carriacou et Grenade. Nous faisons bien attention d’éviter les îles des Tantes et l’île Ronde tristement réputées pour les trop nombreux naufrages qu’elles ont occasionnés !!! Effectivement, il y a un fort courant traversier, mais notre vitesse nous fait vite oublier ce piège.

Cette fois-ci, nous avons choisi de faire le tour de Grenade dans le sens des aiguilles d’une montre, alors que la majorité des bateaux ne longent que la côte sous le vent comme souvent  dans les Antilles. Notre option nous fera faire le tour de Grenade en commençant par la côte est qui reçoit directement les alizés et la houle de l’atlantique. Cette côte est peu pratiquée par les voiliers et  cela nous permettra d’atteindre des mouillages tranquilles et de rencontrer une population locale qui nous sera encore plus accueillante.

Après quatre heures d’une navigation très agréable, nous arrivons devant Grenville. Nous découvrons la passe entre les rouleaux qui déferlent de chaque coté !!!! Brrrrr !!! Nous visons le clocher du village, amer que nous devons suivre pour rentrer dans la première passe, avant d’enchaîner sur tribord avec la seconde passe. Heureusement nous sommes en plein jour et la houle n’est pas trop forte !!! C’est sans danger, mais malgré tout assez impressionnant. Je comprends que beaucoup hésitent à s’arrêter ici !!!

Nous arrivons ensuite dans le lagon, où la mer s’est calmée. Protégé par la chicane de récifs, plus aucune houle n’arrive ici, et le mouillage est plat comme un lac. Nous sommes presque un peu perdus …car nous sommes complètement seuls dans ce mouillage et nous n’avons que l’embarras du choix pour mouiller. Nous choisissons, de  mouiller au nord, près de la plage. Nous réalisons que c’est le premier mouillage depuis le Sénégal où nous sommes à nouveau seuls. Nous aimons ces lieux plus tranquilles où l’accueil de la population est toujours plus authentique et généralement très agréable.

A cent mètres derrière nous, le ponton des pêcheurs grouille d’activité ; de petites barques arrivent à toute vitesse de la haute mer et débarquent leurs pêches : dorades, wahoo, bonites,…A peine débarqués, les poissons sont vidés et nettoyés par des jeunes du village, et sont vendus directement aux marchands pour alimenter le marché aux poissons situés juste derrière le ponton. Directement du producteur au consommateur !!! Nous achèterons du poisson qui sera un vrai délice !!!

Le lendemain, nous partons à la découverte de Grenville. Seconde plus grande ville de Grenade, elle ne compte pourtant que 5000 habitants sur les 100 000 habitants de l’île. Loin de l’activité de la capitale Saint George, Grenville est plutôt un gros bourg qu’une ville, où la vie s’écoule lentement, tranquillement. Nous parcourons les premières rues qui longent le bord de mer .Toutes les boutiques sont ouvertes. Les habitants vendent leurs produits du jardin sur les trottoirs. Nous visitons le marché couvert, organisé par métiers : les vendeurs de fruits et légumes, les vendeurs d’arachides, les vendeurs de vêtements et de chaussures.  Nous nous approchons du fond et tombons sur le coin des bouchers !!! Le contact avec la viande est disons…assez cru !!! Les bouchers débitent les animaux à grands coups de haches et de scies. Des demi-porcs sont suspendus au dessus des étals.

Juste à coté, c’est l’abattoir…où les porcs et les chèvres sont égorgés sur place !!! Une chèvre attend son tour en tremblant comme une feuille ; Deux cochons sont saignés et baignent dans leur sang au fond d’un caniveau…les têtes de vaches encore sanguinolentes sont alignés sur des tréteaux. Il faut avoir le cœur bien accroché  Je fais faire un demi-tour droite rapide aux enfants qui ne sont pas dupes !!! Dis papa, c’est quoi là-bas !!! Pourquoi on ne peut pas aller voir !!!

Nous continuons notre découverte de la ville, en nous laissant guider par nos envies. Au détour d’une rue, nous tombons sur une course à pied. Des enfants de 8 à 12 ans courent de toutes leurs forces. C’est le cross de l’école ……. Il fait pourtant déjà très chaud, mais petits et grands se donnent sans retenue. Nos enfants sont sidérés, d’autant plus que la majorité d’entre eux courent pieds nus sur l’asphalte de la route !!! Nous apprendrons que les filles courent 45 minutes et les garçons 1 heure. Les cross de l’école leur paraissent subitement bien faciles !!! Nous suivons la course pour arriver sur la ligne d’arrivée, au pied de l’école….Le professeur de sport, encourage les enfants. Il nous fait penser immédiatement à Mme Odile, le professeur de sport de l’école Jeanne d’Arc…et plus loin, nous tombons sur la directrice de l’école, qui bien sûr, nous fait penser à…Mme Vermandel !!! Les enfants encouragent leurs camarades, crient, grimpent sur les grilles qui clôturent la cour de l’école. C’est la fête !!!

Nous continuons notre découverte de Grenville. Un petit restaurant, façade bleue, pimpante nous fait de l’œil. Ca ne s’invente pas…il s’appelle le « Good Food »…Allons-y !!! C’est tout petit, juste six tables, occupées par des locaux. La cuisine sent bon. Nous nous régalerons du plat du jour : poisson ou poulet frits accompagnés de légumes locaux : potirons, choux, callaloo (épinards et lait de coco), banane plantin, banane fruit, riz avec des pois. Un délice de cuisine locale. Un poste de télévision nous diffuse des images de CNN et des tempêtes de neige aux Etats-Unis. Il fait si chaud ici que les images nous semblent venir d’une autre planète !!!

Nous terminons notre découverte de Grenville par la visite de l’église qui nous a guidés lors de notre arrivée. Après une rude montée, nous arrivons sur le parvis de l’église. Tout est calme et respire la tranquillité. Nous visitons l’église et discutons avec une dame, très gentille, qui s’occupe de l’église. Nous apprenons, que, comme en France, les vocations manquent, et le curé se partage entre trois paroisses. Du coup, les églises ne sont ouvertes que lors des offices. Nous avons beaucoup de chance de trouver celle-ci ouverte.

Nous redescendons vers Teoula qui nous attend bien sagement dans la baie.