Teoula, voyage en famille autour de l'Atlantique
Formentera – Ibiza – Cadaques
Aujourd'hui, nous quittons Ceuta pour 3 jours et 2 nuits de navigation, pendant lesquels nous remonterons toute la partie ouest de la Méditerranée jusqu’à Formentera, la plus au sud des îles des Baléares. Nous aurons une météo très changeante, avec des vents de 30 à 35 nœuds puis des périodes de calmes plats, malgré les gribs météo nous annonçant des vents de 15 à 20 nœuds, normalement constants…A l’aller comme au retour, ce sera une des grandes spécificités de nos navigations en Méditerranée…la météo est changeante et souvent imprévisible...les navigations ne sont donc pas toujours agréables et détendues malgré le soleil et les températures élevées…Pour tout vous dire, je préfère nettement les navigations en Atlantique, avec des belles houles et une météo plus franche et plus lisible… Une chose est sûre…je n’envie pas ces bateaux Anglais qui font le tour de la Méditerranée en hiver, comme les « Rats » que nous avions rencontrés à Gibraltar en Octobre dernier.
En cette fin d’après-midi, après une journée par 30 nœuds de vent, nous voyons le ciel s’assombrir brusquement … un énorme nuage monte de la côte espagnole…énorme jusqu’à cacher le soleil …le vent après plusieurs bourrasques, nous quitte et disparait, nous laissant au moteur au milieu d’une houle déferlante…
Nous avons subitement l’impression d’être quantité négligeable, en nous demandant à quelle sauce nous allons être mangés !!! D’autant que l’arrivée subite de cet énorme nuage ne nous dit rien de bon…Qu’annonce-t-il ? Encore un caprice météo ?? Allons-nous être cueillis par une grosse soufflante dont la Méditerranée a le secret ??? Et en même temps, ce nuage ne ressemble à rien de connu. Ni cumulus, ni cumulo-nimbus, ni stratus…rien de connu, sauf qu’il nous cache tout le ciel et nous rattrape à toute vitesse !!! La lumière tourne au jaune pâle, et la mer se couvre de reflets rouge-orangés. Avons-nous fait une erreur de navigation ? Sommes-nous arrivés sur la planète Mars ? Heureusement, la mer se calme doucement, et le vent reste stable, proche de zéro…Nous continuerons donc au moteur. Trois jours plus tard, en lisant la presse espagnole, nous comprendrons que nous avons été, malgré nous, les témoins d’un gigantesque feu de forêt qui a dévoré 15 000 hectares dans la Sierra Cabrera, au sud de l’Espagne.
La nuit tombe, et nous continuons au moteur. Nous dormirons tous, bercés par le ronronnement du moteur. France, lors de son quart de nuit, aura une désagréable visite : à 1h du matin, un bateau arrivé sans lumière et sans bruit, l’aveuglera à l’aide d’un énorme projecteur, en effectuant un tour complet de Teoula et repartira aussi brutalement dans la nuit, tous feux éteints. Pas un message à la VHF, pas une lumière, rien. Nous avons la désagréable impression d’avoir été mis à nus, malgré nous. Nous pensons qu’il s’agit de gardes côtes espagnols participant à la sécurité des équipages en mer … ils doivent faire face aux bateaux rapides des trafiquants qui viennent des côtes marocaines livrer leur came à des contacts espagnols, ainsi qu’aux épaves flottantes qui traversent surchargées d’immigrés clandestins.
Le lendemain, en fin de journée, nous arrivons à Formentera et mouillons en face d’une longue plage, par 4 mètres d’eau, sur un fond de sable. L’eau est transparente, le mouillage calme, et en un instant, nous sommes projetés aux Antilles. Il ne manque que les palmiers. Formentera est un mouillage aux airs d’Antille. Nous revivons. Tout le monde sur le pont avant pour un apéro face au coucher du soleil…avant un grand dodo, bien mérité, après ces trois jours de navigation.
Le lendemain, nous verrons de nombreux bateaux venir mouiller autour de nous pour la journée et repartir en fin d’après-midi, nous laissant à nouveau tranquille pour la soirée, face à cette belle plage. Quelques Day-charters croulants sous les touristes à la peau rougie par le soleil et abrutis par les décibels nous rappellerons que nous sommes bien revenus en Europe, en pleine saison touristique … Le soir, le mouillage retrouve sa tranquillité et nous nous offrons de longues ballades sur les plages.
Mais, les jours passent, et nous devons continuer notre remontée vers la France. Ce matin, réveil aux aurores pour une journée de navigation jusqu’à Port Andrax, sur Majorque. Nous étions déjà passés par là l’année dernière. Cette fois-ci, nous nous arrêterons pour laisser passer un coup de vent de Nord-est.
Nous profitons du calme de la baie de Port Andrax pour nous baigner autour de Teoula, dans une eau chaude et limpide.
Le coup de vent passé, nous avons 36 heures plus tranquille devant nous, juste ce qu’il nous faut pour remonter jusqu’à Cadaques. Nous quittons Port Andrax, au près, dans une houle bien formée. Nous nous ferons secouer pendant six heures, puis le vent tournera en faiblissant progressivement, nous permettant de passer une nuit plus calme.
Le lendemain, belle journée de navigation, aux allures portantes, le long des côtes espagnoles. Nous aurons même la visite de nos amis les dauphins, la dernière de notre beau voyage.
L’arrivée à Cadaques, sera plus musclée. Le vent forcissant à l’approche du Cap Creus, nous déboulerons dans la baie de Cadaques à toute vitesse. Après un virage au frein à main à l’entrée de la baie en affalant rapidement les voiles. En nous approchant des bouées, nous serons pris par des vents de plus de 30 nœuds. Deux autres bateaux tournent déjà autour des bouées sans réussir à s’y amarrer. Les bateaux au mouillage sont au spectacle, et regardent les deux premiers bateaux faire leurs manœuvres sans succès. Nous tentons notre chance à notre tour. Tout le monde est à son poste. France et Juliette à l’avant, amarre passée, gaffe à la main, prête à saisir le mouillage. Nous devrons nous y reprendre par deux fois, mais la deuxième sera la bonne. Ouf !!! Ca souffle toujours autant, et nous ne sommes pas mécontents d’être accrochés. France et Juliette sont félicitées par les marineros de Cadaques qui dansent sur leurs petits bateaux. Les deux autres bateaux ne sont toujours pas accrochés. Nous mesurons à cet instant combien nous nous sommes aguerris depuis notre départ en Septembre dernier. Quel bel équipage nous faisons !!!! Nous sommes fiers de nous. Entre temps, un troisième bateau est venu se réfugier à Cadaques, et lui aussi, il n’arrive pas à s’accrocher. Heureusement, le vent se calmera et tous seront amarrés aux bouées avant la nuit.
Le lendemain, visite de Cadaques et dégustation de tapas en profitant du beau soleil pour prendre nos derniers bains autour de Teoula.
Goûter sur Teoula...
...avec sa tarte aux pommes maison.
Merci Jeanne !!!
Baignade dans les eaux claires de Cadaques
Un petit coup de fatigue...