Teoula, voyage en famille autour de l'Atlantique

San Vincente, une odeur de Brésil

28/12/2008 17:14

Nous quittons Dakar pour les îles du Cap-Vert, notre prochaine étape.

 

Au large de Sal, nous sommes accompagnés par de nombreux globicéphales, placides mais curieux venus nous observer de près. Ils surfaient dans les vagues, juste à coté du bateau, découvrant leurs fronts et leurs yeux rieurs, en nous observant de près. Ce contact visuel avec ces grands animaux était magique, presque humain.

 

Puis, ce sont leurs cousins les dauphins qui sont venus faire la fête autour de Teoula. Mais pas une petite fête…Une grosse fiesta, avec sauts périlleux, jaillissements verticaux, surfs. Pendant plus d’une heure. Les enfants étaient aux anges.

 

Après trois jours de navigation, nous arrivons directement sur San Vincente, dans la ville de Mindelo, l’une des trois villes permettant d’effectuer les formalités d’entrée au Cap-Vert.

 

Les côtes de San Vincente, formées par la nature sur un sol volcanique, sont tout simplement sinistres. Noires, arides, découpées au scalpel par le vent et la mer, elles sont tellement inhospitalières que nous nous demandons où nous allons accoster. Puis, au dernier moment, la baie de Mindelo se découvre sur notre gauche, avec sa ville, son port de commerce et son port de pêche. La baie est jonchée d’épaves, triste confirmation des dangers de cette côte.

 

Après avoir bien regardé où nous mettions notre étrave, nous arrivons au fond de la baie, dans le mouillage, face à la toute nouvelle marina.

 

Commence l’habituel parcours du navigateur entre le bureau de l’immigration, les douanes et parfois les services sanitaires. Ici, les formalités se font en deux endroits différents. Les fonctionnaires de police sont très accueillants, aimables et nonchalants, avec cette façon de parler le Portugais qui m’emmène immédiatement au Brésil. Ce sera une de nos impressions fortes de notre séjour au Cap-Vert. A chaque coin de rue, France et moi retrouvons des impressions ou des souvenirs du Brésil.

Je remets rapidement mon Portignol à niveau -mélange de Portugais et d’Espagnol utilisé par tous les routards de la terre- pour remercier mes interlocuteurs de leur accueil.

 

Nous passons ensuite plusieurs jours à visiter Mindelo, découvrant ses ruelles, ses facades colorées et ses bonnes adresses.

On nous avait prévenu de l’insécurité et des vols dans les rues de Mindelo. Pourtant, nous nous promenons en toute sécurité. Il semble que la ville ait beaucoup changé ces dernières années. Réalisant que le tourisme doit devenir la principale ressource pour le pays (le tourisme doit représente plus de 50 du PIB en 2010), l’état et les différentes municipalités se sont lancées dans de vastes programmes de construction et de restauration des centres villes. Mindelo n’échappe pas à ces programmes. De nombreuses façades ont été restaurées, une marina a été construite pour accueillir les plaisanciers, les rues du centre ville ont été repavées, et la police est plus présente. Mindelo est du coup devenu plus sûre et une escale que nous trouverons très agréable.

 

Nous nous offrirons deux excellents repas chez « Dulce », une charmante cap-verdienne qui tient le restaurant « l’escale » dans une superbe demeure coloniale qui fut le siège du consultat du Portugal à la belle époque. Dulce nous accueille dans cette belle maison, comme si elle nous accueillait chez elle. Il faut dire que Dulce, qui a vu du pays (elle a passé 15 ans au Sénégal, 15 ans en Espagne) parle parfaitement le français. Elle est ravie de nous parler, et fond littéralement devant les enfants…Colin deviendra vite son chouchou. Elle lui trouvera même des mousses au chocolat qui n’étaient pourtant pas sur la carte !!!

 

 

Du coup, nous passons une bonne partie de l’après-midi chez Dulce, qui n’est pas la dernière à faire durer le repas, en ajoutant un petit digestif maison « un grogue coco », mélange de coco et de rhum local – le grogue -. Nous discutons du Cap-vert, de Mindelo, de l’évolution de son pays. Nous apprenons que Mindelo, qui fut un temps la principale ville de l’archipel, s’est faite doubler par Praia, maintenant la capitale du Cap-vert. Le mauvais coté, c’est que de nombreuses activités ont quitté Mindelo. Le bon coté, c’est que l’insécurité est aussi partie à Praia !!! Voilà pourquoi nous nous sentons si bien à Mindelo…

 

Après avoir passé quelques jours au mouillage, nous rejoignons la marina en vue de l’avitaillement et de l’arrivée de Bruno, ami et équipier de choc pour la transat.

 

Nous retrouvons d’autres batocopains sur place, les apéros reprennent de plus belle. Nous commencerons par Aquadoria, avec Antoine et Olivier, avec qui nous avions sympathisé lors de notre formation sur le sauvetage en mer. Antoine et Olivier sont partis pour 3 ans faire un tour du monde. Ils profitent de ce voyage pour faire un reportage sur les équipages au long cours, et filment certains équipages rencontrés dans leur périple. Nous aurons l’occasion d’être interviewés et filmés en famille. Vous devriez trouver un extrait de cet entretien sur www.acquadoria.org.

Antoine et Olivier sont aussi de fins gourmets et nous régalerons pour l’apéritif avec leur crème de pois chiches maison.

 

Le lendemain, nous croisons un autre Outremer, Gargalou, avec des enfants à bord, deux garçons dont Julien l’ainé qui a l’âge de Colin. Les présentations –entre Outremer- se font naturellement et nous passerons avec eux une bonne soirée au Club Nautico, le bar/restaurant face à la marina qui accueille tous les équipages au son des orchestres locaux. Les garçons joueront comme des fous, oubliant même de manger !!!

 

Demain, nous accueillons Bruno qui arrive directement de France pour nous accompagner le temps de la transat. Les enfants sont ravis de son arrivée. Nous aussi. Car outre le fait d’accueillir un ami à bord, c’est aussi synonyme de plus de sécurité à bord, et de moins de fatigue pour nous. Les quarts de nuit, que nous faisons facilement à deux pour quelques jours de navigation deviennent vite fatiguant surtout couplés aux programmes du CNED. Il n’y a alors plus de place pour les siestes ou simplement la détente.

Avec Bruno, nous pourrons nous répartir les quarts plus facilement, par tranche de trois heures, assurant à chacun au moins six heures de sommeil consécutives. Un luxe pour nous !!!

Bruno s’est vite attiré la sympathie des enfants en apportant deux grands pots de Nutella !!! et des plus grands, amenant quelques bonnes bouteilles de vin, un foie gras et de bons chocolats…

 

Avant le départ, nous organisons les derniers préparatifs : contrôle complet du bateau, vérification du gréement, carénage (nettoyage extérieur des coques), contrôle des moteurs, plein d’eau et de gas-oil, avitaillement en produits frais et conserves.

 

Pour l’avitaillement, nous atterrirons chez un grossiste qui approvisionne tous les petits commerçants des alentours : c’est moins cher…par contre, comme son l’indique, il faut acheter en quantité !!! Heureusement, nous sommes là pour ça : 70 litres d’eau, 90 yaourts, 12 boites de biscottes, 3 boules de fromage. Nous éviterons les 5 kilos de jambon local dont la couleur et la texture nous laissent dubitatifs.

 

 

Dernier point à régler avant notre départ : mettre à niveau notre matériel de pêche. Sur les bons conseils d’un ami de Bruno, nous décidons de plomber nos leurres pour augmenter leur efficacité…pour le moins limitée jusqu’à ce jour…

Nous demandons aux passants – en portignol - l’adresse d’un magasin de pêche. Mon vocabulaire ne dépassant pas deux cents mots, j’ai encore du mal à me faire comprendre…et à comprendre les indications…Enfin, j’ai le nom du magasin « Mare Pescar » et la direction. Nous prenons la direction indiquée, confirmée plus loin par un autre passant. Sur place, nous avons du mal à nous faire confirmer l’adresse. Il semble même que le fameux « Mare Pescar » soit dans notre dos…à peu près à l’endroit d’où nous venons…

Au hasard de nos rencontres, nous croisons trois jeunes qui semblent en connaitre un rayon sur la pêche. Les questions sont plus précises ; nous parlons appât, canne à pèche, plombs…Si, Buen…plombs…exactement ce que nous cherchons. Ils vont dans la direction du magasin et nous proposent de les suivre. Après 10 minutes de marche, nous nous arrêtons chez un concessionnaire Yamaha…et effectivement, au milieu des motos…il y a un rayon pêche Pourquoi le concessionnaire vend du matériel de pêche…bonne question…et pourquoi pas, finalement ??? Au final, il n’a pas ce que nous cherchons, et devrons aller plus loin…jusqu’à « Mare Pescar » qui était bien là où nous étions au départ….

 

Enfin un magasin de matériel de pêche !!! Un vrai magasin comme on les connait, avec une vitrine –petite-, un comptoir –petit, et un rayon de matériel sombre et poussiéreux. Pourtant, il y a du matériel de pêche, des lignes, des hameçons…mais pas de plombs. Pour les plombs, notre marchand connait l’homme de la situation ; Il nous griffonne un nom et une adresse : Café Sony. C’est tout près dans la rue suivante…bizarre…

Nous cherchons le dit café…la rue suivante est une rue pleine de bars, avec des clients au regard vitreux, complètement faits en plein après-midi…bizarre, bizarre. Tout ceci ressemble à un jeu de piste. Pourtant, nous trouverons bien le bar Sony,  et sous le comptoir, près des canettes de Fanta…il y a – magique – un choix de plombs à faire pâlir un spécialiste en pêche. Nous décidons d’en prendre plusieurs, de tailles et de formes différentes. Le Sony en question plonge dans son arrière boutique et ressort les plombs demandés !! Incroyable !! Heureux comme des rois, nous repartons avec nos plombs en poche comme s’il s’agissait de pièces d’or !!!

Une bonne leçon de marketing…organiser la rareté donne de la valeur aux choses.

 

Avec cette chasse aux plombs, nous avons visité la ville, enrichi mon vocabulaire de Portignol, et rencontré de charmants Cap-verdiens. Ce jeu de piste rejoindra les autres bons souvenirs que nous garderons de ce court passage à Mindelo.

Photos : San Vincente

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