Baracoa

La route qui nous mène de Guardalava à Baracoa sera chaotique : Une joyeuse alternance de route, de champs de mines avec des nids de poule format XXL, et de piste, version cubaine du Paris-Dakar. Cinq heures à 50 km/h de moyenne, avec en plus les pièges habituels des routes cubaines.
Nous aurons la surprise de passer par Moa et son énorme exploitation de nickel à ciel ouvert. Ce site gigantesque nous rappellera tristement que Cuba, est le 5ème producteur mondial de nickel. La terre rouge est éventrée de toutes parts, l’eau stagnante a une drôle de couleur verte avec des reflets métalliques, et la route est couverte de poussière rouge. De gros pipelines courent vers une énorme usine d’où sortent des nuages de fumée rouge !!! On se croirait dans un décor de Mad-max. C’est tellement surprenant que nous nous arrêtons pour faire des photos. Cing minutes plus tard, nous sommes arrêtés par un policier qui nous demande d’effacer nos photos !!! Le message est clair !!! Pas de traces de ce site ultra pollué. Nous profitons quand même du site pour montrer aux enfants ce que la pollution peut avoir comme impact sur la nature. Jeanne est particulièrement réceptive, car cela correspond à ses leçons du CNED.

Nous reprenons notre route et quittons rapidement cet endroit dévasté par l’exploitation minière pour retrouver une route qui longe la côte au milieu de paysages superbes. Plus nous avançons sur cette route, plus elle devient piste. Nous sommes au milieu de nulle part. Nous traversons des petits villages tranquilles. Ici, les maisons sont en construction traditionnelle, les murs sont en bois et les toitures en feuilles de palmiers. Cette partie de Cuba est l’une des plus pauvres. Les routes en terre et les maisons en bois en témoignent. Par contre, les gens cultivent tous de petites parcelles de terre, et la nature semble ici très généreuse. Les gens semblent tous heureux et en bonne santé, contrairement à certaines banlieue de grandes villes.

Finalement, après 15 kms de piste, nous atteignons Baracoa, surement la ville la plus  à l’est de Cuba. Baracoa est restée longtemps à l’écart du tourisme et n’a été que récemment reliée par la route au reste de Cuba. La ville a donc gardé tout son cachet, et les habitants leur gentillesse. De plus, la région bénéficie d’un microclimat, tempéré toute l’année. La campagne regorge de cultures de café, de cacao, de noix de coco, de bananes, de mangues, des légumes et d’élevage. Au point que la cuisine est ici différente que dans le reste de Cuba. Les plats sont ici très souvent cuisinés avec de la noix de coco. Un régal, après un mois de régime poulet/riz ou  porc/riz !!!

Nous arrivons au sommet d’une petite colline qui se dresse derrière Baracoa, où se niche notre hôtel, dans un vieux fortin espagnol. Nous dominons toute la baie, la ville et la campagne. La vue est superbe, à 360°. Luxe suprême, notre hôtel, El Castillo, possède une belle piscine, avec vue sur les montagnes au loin. A peine arrivés, nous plongeons tous dans la piscine. L’eau est délicieuse, toute juste fraiche, pour nous détendre après des 5 heures de route. Nous savourons notre bonheur, un mojito à la main, en attendant les Genesis qui nous rejoindront dans la soirée.

Le lendemain, nous commençons par une matinée CNED. Nos enfants sont rassurés de  voir que le régime est le même sur Genesis. Ecole pour tous, tous les matins. L’après-midi sera consacrée à la visite de Baracoa. Nous découvrons une petite ville tranquille. Nous visitons la cathédrale qui tient debout par le miracle de ses dizaines d’échafaudage et qui abrite les restes de la croix amenée par Christophe Colomb. C’est impressionnant d’avoir sous nos yeux cette croix qui a traversé l’atlantique il y a déjà 500 ans. Cette croix, la « Cruz de la Parra » serait le plus ancien symbole de la chrétienté dans le nouveau monde.

Autour de la ville, les ruelles sont pleines de petites échoppes installées pour le carnaval : vendeurs de jouets, vendeurs de vêtements, stands pour les parieurs, sandwicheries… Les buvettes abritent chacune deux citernes de 700 litres, pleines de bières !!! Nous remonterons entièrement le Malecon, où les forains se sont aussi installés avec leurs manèges d’un autre temps. Nous découvrons tous ces manèges, réalisés avec des matériaux de récupération qui fonctionnent parfaitement. Côté sécurité, cela semble nettement plus souple qu’en France !!! Nous resterons à distance respectable de certains manèges de peur de nous faire écraser ou électrocuter par un manège qui prendrait la tangente !!! Les enfants ne resteront pas longtemps, et feront quelques tours de manège de chevaux.

Nous terminerons par la maison du chocolat, où les serveuses ont la triste réputation d’être aimables comme des portes cochères. Ce sera effectivement le cas. Plus désagréable, nous n’avions pas encore vu. Heureusement, les chocolats chauds et les crèmes au chocolat sont délicieux.

Le lendemain, nous partons avec les Genesis visiter les environs jusqu’au petit village de Yumuri. Sur la route, nous nous arrêtons dans un petit village au à été tourné en 1989 le film de Robinson Crusoë, avec Pierre Richard. Ce village de pêcheurs est bien tranquille. Un des jeunes du village nous propose une petite ballade à travers le village. Il montera même à mains nues dans un cocotier décrocher quelques noix de coco, à la grande joie des enfants. Notre jeune se transformera au fil de la ballade en guide et nous demandera sa dîme en fin de parcours. C’est une coutume très cubaine, mais toujours gentiment amenée. Il est vrai qu’ici, ils ne vivent de pas grand-chose, et le moindre CUC ou T-shirt est toujours le bienvenu.

Plus loin, nous arrivons à Yumuri. Ici, l’approche des touristes est nettement plus organisée. Nous n’avons pas encore mis le pied à terre que nous avons déjà un guide attitré, un gardien pour les voitures, un cuisinier pour nous organiser un pique-nique. Reste maintenant à négocier les prix. Je commence à avoir l’habitude des prix et de la méthode. C’est donc vite réglé. Le cuisinier fait un peu la tête, mais il nous amènera un excellent poisson grillé une heure plus tard. Il nous faut encore payer nos billets d’entrée dans la réserve où  nous allons. Ici aussi, il faut négocier les prix, mais toujours dans la bonne humeur.

Après un court trajet en barque, nous atterrissons sur le lit de la rivière que nous remontons jusqu’aux piscines naturelles, but de la promenade. L’eau est claire et fraîche, avec un petit rapide dans lequel les enfants joueront jusqu’à l’arrivée du pique-nique. Riz, légumes, poisson grillé. Un classique à Cuba, mais ici un régal, à l’ombre des arbres, les pieds dans l’eau.
Le site est superbe, avec cette rivière qui descend jusqu’à la mer, coincée entre ces falaises à pic de plus de cent mètres. Le lieu a été baptisé « Yumuri », en mémoire du cri poussé par les indiens Tainos, qui se jetèrent par dizaines du haut des falaises pour échapper à l’esclavage et aux Espagnols. « Yumuri », littéralement « je meurs ». Sympa comme anecdote pour le pique-nique !!! Mais, il nous en faut plus pour nous couper l’appétit !!!

Le lendemain, nous visiterons le musée archéologique de la grotte du Paradis, où des fouilles ont mis à jour des statuettes, des objets décoratifs, des outils et des armes datant du XIIème siècle, de l’époque des indiens Taïnos. L’ensemble a été utilisé pour reconstituer la vie des indiens Tainos. C’est très bien fait et très instructif. Nous serons ainsi projetés dans la vie de ces indiens avant leur extermination par les Espagnols.

Nous rejoindrons le centre ville en descendant tranquillement du musée par les petites ruelles de la ville. Les gens sont ici très pauvres, mais toujours gentils et souriants. C’est un vrai plaisir de se promener, de s’arrêter, de discuter avec l’un ou l’autre. Il faut dire que sept enfants blonds ce n’est pas monnaie courante par ici !!! Les langues se délient donc facilement grâce aux enfants.