Flores, magnifique et sauvage

L’archipel des Açores, qui compte neuf îles, est un petit bout de Portugal, perdu au milieu de l’atlantique, à 750 miles nautiques des cotes européennes. Ces îles volcaniques se sont formées à la jonction des plaques eurasienne et africaines. Elles sont récentes, et subissent encore des évènements d’une activité volcanique intense. La dernière éruption majeure date de 1957, et l’île de Faial s’est agrandie de plusieurs kms carrés.

Flores, l’île la plus à l’ouest de l’archipel des Açores est aussi l’une des plus sauvages. Avec seulement 4000 habitants, Flores est organisée autour des deux petites villes, Santa Cruz, la plus grande, au nord, et Lajes au sud qui vit au rythme de son port.

L’élevage et la pêche sont les deux grandes ressources de l’île, avec le tourisme qui commence seulement à se développer. L’île est donc bordée de petits ports de pêche tous plus mignons les uns que les autres, et recouverte de pâturages bordés par ces kilomètres de murets de pierre. Un travail titanesque mené par des générations et des générations d’Açoriens.

L’île est réputée pour ses paysages, ses promenades superbes, le long des falaises ou à travers l’île. L’île est aussi connue pour ses « Caldeiras », anciens cratères de volcans éteints, remplis d’eau parfois verte, bleue ou noire suivant la lumière de l’instant. C’est un camaïeu de verts posé sur des roches volcaniques noires ou rouges, avec l’océan à perte de vue. C’est absolument magnifique.

Nous profitons de notre séjour sur Flores pour faire de grandes promenades à travers ces paysages grandioses. Nous traversons de petits villages endormis, nous longeons des pâturages bordés de haies d’hortensias en fleurs surplombant des kilomètres de murets de pierre volcanique.
Nous suivons de sentiers balisés qui nous mènent d’un village à l’autre. A chaque fois, nous découvrons un village différent, mais toujours paisible, avec plusieurs églises ou chapelles, des petites maisons blanchies à la chaux, une petite place et partout des fontaines d’eau ou des robinets installés le long des chemins. L’eau ici coule à flot, la terre, gorgée d’eau, transpire par toutes ses pores : ruisseaux,  rivières, cascades…

Chaque détour de virage est un nouveau point de vue sur les falaises tombant à pic dans la mer, ou sur une petite vallée verdoyante tapissée de pâturages. Après nous deux semaines de pleine mer, ces promenades sont pour nous très agréables. Nous nous délassons les jambes, et profitons de tous ces nuances de verts, doux et reposants pour les yeux, après avoir abusé des bleus pendant trop longtemps.

Flores donne l’impression que tout peut pousser sur cette terre volcanique si riche. La végétation est abondante, parfois luxuriante, mélange de végétation subtropicale et tempérée. Nous retrouvons des feuillus, des conifères côtoyant des fougères arborescentes !!
Des milliers de fleurs bordent les routes et les chemins : lys rouges ou jaunes, agapanthes bleus, hortensias blancs et bleus, fougères vert foncé. Des collines couvertes d’herbe moelleuse nous rappellent la campagne Normande ou Anglaise, et se terminent en falaises abruptes et noires tombant directement dans la mer.

Vous l’avez compris, nous sommes rapidement tombés sous le charme de Flores. Mais en plus de ses paysages, nous retiendrons aussi la gentillesse de ses habitants, tous prêts à vous aider ou à vous rendre service.
Flo et Béru, un couple de français, navigateurs au long cours ont posés leurs baluchons à Lajes, dans un des plus vieilles maisons du village, juste au dessus du port, et ouvrent leur terrasse, leur potager et leur wifi aux navigateurs de passage. Très sympas, ils nous fournissent aussi les cartes et les bons plans de l’île. Merci à eux, pour leur accueil.

La cuisine est aussi pour nous une heureuse découverte. Certes, la cuisine portugaise n’est pas réputée pour être légère ni gastronomique, mais elle est abondante, généreuse, et très bon marché. Au point que nous prendrons l’habitude de commander trois plats pour nous cinq, et nous avons souvent du mal à finir. Poissons, viandes de bœuf, de porc ou de poulet, fèves, pomme de terre…autant de saveur que nous n’avions plus rencontré depuis bientôt un an. Nous sentons, jusque dans notre palais, la proximité grandissante du continent Europe.

L’ambiance au mouillage, dans le port de Lajes, est détendue et courtoise. La quinzaine de bateaux présents ont tous fait la transat. Tous se respectent mutuellement, sans avoir rien à prouver. Tous ont le sens de la mer et de l’entraide entre marins, sens qui malheureusement se perd de nos jours sur le littoral Français. Portauloin est présent avec nous. Nous verrons arriver d’autres bateaux rencontrés dans les Antilles. Mais déjà nous devons repartir vers Faial, notre prochaine escale dans les Açores.